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La thèse, une expérience professionnelle

English version below

“Ah tu fais une thèse ? Donc t’es encore étudiant à 26 ans ?”, “Il serait temps un jour d’arrêter l’école et de commencer à travailler !”, “Et donc 8 ans d’étude (minimum), pourquoi faire ?”. Toutes ses phrases, on les entend un jour ou l’autre. Le doctorat manque cruellement de reconnaissance, que ce soit sur le marché du travail ou dans la sphère privée, en France en tout cas. Comment faire pour redorer l’image du plus haut diplôme international ? Et surtout, que pouvons-nous faire nous même pour valoriser ces quelques années de travaux sur un CV ou au cours d’un entretien ? Introspection dans la thèse vue comme expérience professionnelle.

PhD, really ?

Alors oui, on peut être jaloux. Être titulaire d’un doctorat, à l’étranger, c’est une reconnaissance certaine, à tous les niveaux. Vous entrez dans le cercle fermé des PhD, et êtes reconnu comme tel. En France, c’est un peu moins rigolo. Déjà, la confusion permanente entre docteur et médecin ne nous aide pas : “Ah tu es docteur ? ça tombe bien parce que je tousse un peu… Comment ça docteur en géographie ? Donc pour le sirop, c’est pas possible ?”. Et puis au-delà de cet difficulté de langage, la France a une spécificité que les autres pays n’ont pas : les grandes écoles. Que ce soit d’ingénieur ou de commerce, ces écoles délivrent des diplômes de niveau bac+5/6 qui sont plus recherchés dans le monde du travail que nos doctorats. Pour l’exemple, même avec votre doctorat en poche, autrement dit arrivé au sommet de la montagne des diplômes, certains postes vous resteront inaccessibles car ciblé pour un “ancien de l’Ecole Polytechnique”.

Les mœurs commencent à évoluer à grands coups d’efforts et de pédagogie essentiellement de la part des doctorants/docteurs, mais encore faut-il savoir se vendre. Prenez garde, l’approche est extrêmement différente entre un poste dans le secteur privé ou alors dans la recherche publique.

Le docteur, un professionnel de la recherche.

Mettons nous en situation. Vous êtes en entretien d’embauche, et le jury de recrutement vous demande : “Etre docteur, c’est quoi ?” Être docteur, c’est être un professionnel de la recherche. On peut s’accommoder de cette définition mais on apprend pas grand chose, il va donc falloir expliciter tout ça. C’est à ce moment là qu’il faut adapter son discours au poste que vous visez. Simplifions l’espace d’un instant la situation en deux propositions : public vs privé.

Dans le monde de la recherche publique, il faut vendre vos connaissances : expliquer votre sujet de thèse en profondeur, les verrous scientifiques, le nombre et la qualité de vos publications, la spécialité que vous allez apporter au laboratoire, ainsi que votre projet de recherche. On vous demande d’être un expert scientifique et de faire briller le laboratoire de cette manière.

Dans le monde du privé, il vaut mieux mettre l’accent sur vos compétences : Gestion de son propre projet de recherche pendant 3 ans (minimum), autonomie et rigueur, remise en question permanente de la pertinence de vos hypothèses, argumentation, justification, validation, critique de vos choix par vos pairs et leur travaux. Vous êtes un cerveau, un peu pénible, et si on vous demande quelque chose, vous ne répondez pas “oui” ou “non” mais “pourquoi”. J’insiste : on ne vous recrute pas pour votre sujet !. C’est l’erreur n°1 (de loin) des jeunes docteurs qui se plantent en entretien professionnel dans ce cadre, ce qui se comprend car le doctorat est une formation par et pour la recherche publique. C’est aussi pour cela que les doctorants CIFRE (financés pas des entreprises) rencontrent généralement moins de difficultés à s’insérer. Autrement dit,c’est à toi de faire de ta thèse une expérience professionnelle !

Mais alors, comment je fais pour être perçu ainsi ?

Même si l’université cherche au départ à former ses futures recrues, de gros efforts sont fournis pour nous permettre d’acquérir des compétences professionnelles qui n’ont que peu de lien avec le métier d’enseignant-chercheur, par l’intermédiaire de la formation doctorale. En effet, on y retrouve de nombreuses formations autour du management, de la création et gestion d’entreprise, de la prise de parole en public, etc.

Ces formations sont de loin les plus importantes pour votre thèse si l’on accepte de regarder sur le (pas si) long terme. Il est bien souvent difficile de se projeter au-delà de notre sujet, de prendre du recul. Mais que vous vous destiniez ou non à la recherche publique, il y aura un après-thèse, et c’est surtout ça qui compte. Dans cette vie future, les chances sont grandes pour que vous travaillez en équipe (labo, équipe de projet, collaborateurs industriels, …), que vous ayez à manager des équipes (en tant que chef de projet, enseignant, chef d’entreprise), parler en public (salle de classe ou de réunion, consulting ou cours magistral). Pour rappel, le collège doctoral rend obligatoire 50 heures de formation professionnalisantes durant la thèse. Profitez-en pour vous métamorphoser, pour transformer votre profil d’étudiant en professionnel.

Mais cela suffit-il vraiment ? Si c’était le cas, seriez-vous en train de me lire aujourd’hui ? À DynAMU, nous pensons que cette conversion vient de chacun d’entre nous et de notre volonté de faire briller le doctorat et d’être reconnu à notre juste valeur. C’est d’ailleurs ce qui a motivé la création de ce réseau professionnel qu’est DynAMU : nous rencontrons des collaborateurs avec des profils très différents de nos propres profils et apprenons à collaborer avec nos différences, nous montons des projets ensemble et nous levons des fonds pour les faire émerger, nous sommes en contact avec des instances importantes auprès desquels nous devons sans cesse démontrer notre sérieux. Pour ma part, l’exemple le plus frappant, c’est l’opportunité de proposer notre propre formation doctorale, la fameuse DynDoc, autour de la gestion de projet, que vous retrouvez tous les ans depuis 2016 au premier trimestre de l’année civile (inscription usuelle sur ADUM).

Pour vous témoigner mon expérience personnelle, j’ai été membre actif dès le début de ma thèse en 2016, puis président du réseau durant le mandat 2017–2018, enfin administrateur en 2018–2019. Ayant un profil typé “ingénieur”, j’ai pu me confronter à mes propres faiblesses et travailler à améliorer mes compétences de gestion et de management, à découvrir et à travailler avec des gens très différents, et donc extrêmement intéressants. Cet investissement en temps a été pour moi doublement bénéfique : j’ai pu apprendre ce que mon sujet de thèse ne m’aurait pas permis de découvrir, et j’ai surtout pu m’échapper de ma bulle de travail le temps de quelque instants, une nécessité absolu en thèse.

Pour conclure

La thèse est une expérience riches en surprises, bonne ou mauvaises, mais toujours formatrices. Elle nous permet de développer des aptitudes très variés, que ce soit une expertise dans votre science que dans des domaines plutôt méta. Il est à chacun d’entre nous de construire notre profil professionnel, et la thèse a toutes les armes pour peser lourd dans un CV, il ne reste plus qu’à savoir le vendre, et quelque chose me dit qu’en lisant cet article, sur le site de notre réseau, vous êtes déjà sur la bonne voie !

 

Auteur : Gaetan Aüllo-Rasser - Doctorant 3A en biomécanique

 

 

 

PhD thesis as a professionnal experience

“Oh, you’re doing a thesis? So you’re still a student at 26 years old?”, “It would be time one day to stop school and start working!”, “And so 8 years of study (minimum), why do you do it?”. You can hear all his sentences at one time or another. The doctorate is sorely lacking in recognition, whether in the labour market or in the private sphere, in France at least. How can we restore the image of the highest international diploma? And above all, what can we do ourselves to enhance these few years of work on a CV or during an interview? Introspection into the thesis as a professional experience.

PhD, really?

So yes, you can be jealous. To hold a doctorate, abroad, is a definite recognition at all levels. You enter the closed circle of PhDs, and are recognized as such. In France, it’s a little less fun. Already, the constant confusion between docteur(Ph.D) and médecin(M.D., called docteur in French) does not help us: “Ah you are a doctor ? it is good because I cough a little… What do you mean, doctor of geography? So for the syrup, it’s not possible?”. And then, beyond this language difficulty, France has a specificity that other countries do not have: the “grandes écoles”. Whether in engineering or business, these schools award diplomas at bac+5/6 level, which are more in demand in the world of work than our PhD. For example, even with your PhD in your pocket, in other words, at the top of the graduation mountain, some positions will remain inaccessible to you because specific for a “former graduate of the Ecole Polytechnique”.

The mores are beginning to evolve with great effort and pedagogy, mainly on the part of doctoral candidates/docteurs, but it is still necessary to know how to sell yourself. Be careful, the approach is extremely different between a position in the private sector or in public research.

The doctor, a research professional.

Let’s put ourselves in a situation. You’re in a job interview, and the recruitment panel asks you, “What’s it like to be a doctor?” To be a doctor is to be a research professional. We can live with this definition but we don’t learn much, so we’ll have to explain it all. That’s when you have to adapt your speech to the position you’re targeting. Let us simplify the situation for a moment in two proposals: public vs. private.

In the world of public research, you have to sell your knowledge: explain your thesis subject in depth, the scientific locks, the number and quality of your publications, the specialty you will bring to the laboratory, as well as your research project. You are asked to be a scientific expert and to make the laboratory shine in this way.

In the private sector, it is better to focus on your skills: Management of your own research project for at least 3 years, autonomy and rigour, permanent questioning of the relevance of your hypotheses, argumentation, justification, validation, criticism of your choices by your peers and their work. You are a brain, a little annoying, and if someone asks you something, you don’t answer “yes” or “no” but “why”. I insist: We’re not recruiting you for your subject! This is the number one mistake (by far) of young doctors who fail in professional interviews in this context, which is understandable because the doctorate is a training by and for public research. This is also why CIFRE doctoral students (financed by companies) generally have less difficulty integrating. In other words, it’s up to you to make your thesis a professional experience!

But then, how do I get perceived like that?

Although the university initially seeks to train its future recruits, great efforts are being made to enable us to acquire professional skills that have little connection to the teaching and research profession through doctoral training. Indeed, there are many training courses on management, business creation and management, public speaking, etc.

These trainings are by far the most important for your thesis if you agree to look at the (not so) long term. It is often difficult to look beyond our subject, to take a step back. But whether or not you are going to do public research, there will be an after-thesis, and that’s what counts most. In this future life, there is a good chance that you will work as a team (lab, project team, industrial collaborators,…), whether you have to manage teams (as a project manager, teacher, company manager), speak in public (classroom or meeting room, consulting or lecture course). As a reminder, the doctoral college requires 50 hours of professionalizing training during the thesis. Take the opportunity to transform yourself, to transform your profile from student to professional.

But is that really enough? If so, would you be reading to me today? At DynAMU, we believe that this conversion comes from each of us and from our desire to make the doctorate shine and to be recognized for what we do. This is what motivated the creation of this professional network that is DynAMU: we meet employees with profiles very different from our own profiles and learn to collaborate with our differences, we set up projects together and raise funds to make them emerge, we are in contact with important bodies with whom we must constantly demonstrate our seriousness. For my part, the most striking example is the opportunity to offer our own doctoral training, the famous DynDoc, around project management, which you will find every year since 2016 in the first quarter of the calendar year (usual registration on ADUM). m

To share my personal experience with you, I was an active member from the beginning of my thesis in 2016, then president of the network during the 2017–2018 term, and finally a director in 2018–2019. As an engineer, I was able to confront my own weaknesses and work to improve my management skills, to discover and work with very different and therefore extremely interesting people. This investment of time was doubly beneficial for me: I was able to learn what my thesis subject would not have allowed me to discover, and above all I was able to escape from my work bubble for a few moments, an absolute necessity in thesis.

To conclude

The thesis is an experience rich in surprises, good or bad, but always formative. It allows us to develop a wide range of skills, from expertise in your science to more meta fields. It is up to each of us to build our professional profile, and the thesis has all the weapons to weigh heavily in a CV, all that remains is to sell it, and something tells me that by reading this article, on our network website, you are already on the right track!


 

AÜLLO-RASSER Gaetan

Doctorant CIFRE en biomécanique 3ème année

"Exo-prothèse de genou : de l'étude biomécanique au développement d'un prototype"

RLC Systèmes / Aix-Marseille Université-CNRS (UMR 7287)